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jours sous une tente. Lorsque chacun avait jeté sur ces glorieux restes des fleurs et des parfums, on les plaçait sur des chariots dans des cercueils de cyprès. Sur un autre chariot était un grand cercueil vide pour ceux dont on n’avait pu trouver les corps : on le nommait Cénotaphe. La marche en était lente, grave, religieuse ; on déposait ces ossemens dans le Céramique, vaste monument situé dans le plus beau faubourg de la ville. On élevait sur leurs tombeaux des colonnes sur lesquelles on gravait le nom de l’endroit où ces braves avaient été tués, et une courte inscription en leur honneur. Rien n’égala jamais en magnificence les funérailles d’Alexandre-le-Grand, ni celles de Philopémen, auxquelles assistèrent les habitans de toutes les villes des Achéens.

Enfin, chez ce peuple, un général eût plutôt renoncé au titre de vainqueur que de manquer à donner la sépulture aux soldats morts sur le champ de bataille. Tout officier infracteur de cette loi était puni d’une peine capitale, fût-il revenu victorieux.

Les Macédoniens avaient consacré le même principe, et Alexandre leur en donnait l’exemple. Achille fut à jamais flétri dans l’opinion publique pour avoir vendu le cadavre d’Hector, son ennemi. Une foule d’autres exemples, ainsi qu’un grand nombre de lois et de maximes des sages et des écrivains de cette nation éclairée, prouvent qu’elle n’a jamais négligé l’important et saint devoir du respect que l’on doit aux mânes de ceux qui ont parcouru leur carrière mortelle. L’usage était de brûler les corps ou de les enterrer. Je n’entrerai point dans les détails des cérémonies lugubres usitées en cette circonstance. Si ces cérémonies n’étaient pas les mêmes chez tous les peuples de la Grèce, elles supposaient toutes ou le sentiment de la douleur d’avoir perdu ce qu’on a de plus cher, ou la reconnaissance des services rendus à la patrie, ou le désir de perpétuer la mémoire et les exemples des gens de bien, ainsi que la croyance de leur passage à une vie meilleure. C’est probablement à la réunion de tous