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Si quelque chose devait ôter à l’aspect de ce cimetière une partie de sa tristesse, c’étaient les tombeaux et les arbrisseaux qui les entourent. Cependant, rien n’est plus vrai ; l’état d’abandon où les familles paraissent les livrer, établissent, dans l’enceinte où ils sont placés, une confusion, un désordre, un chaos que l’œil ne peut supporter. Ici c’est une balustrade dont les débris tombent sur celle qui l’avoisine ; là c’est un arbuste desséché qui entrelace hideusement ses rameaux, privés de vie et de feuillage, avec ceux d’un arbrisseau verdoyant. Un peu plus loin, on voit plusieurs tombes ou brisées, ou couvertes de mousse et débroussailles, et par tout les herbes parasites et sauvages qui déclarent la guerre aux sépulcres qui s’élèvent au-dessus d’elles. C’est en vain que le voyageur sentimental s’efforce de visiter les monumens élevés depuis quelques années ; il ne le peut faire sans marcher sur ceux d’une date plus récente, conséquemment sans violer la religion des tombeaux.

Nous dirons peu de choses du cimetière Sainte-Catherine, parce que ni sa situation irrégulière, ni les ornemens qu’il renferme ne présentent le sujet d’une intéressante description. Resserré dans un fond, et contigu à l’ancien cimetière de Clamart, il ne mérite d’être vu que pour quelques monumens un peu plus élevés et un peu mieux décorés que beaucoup d’autres enfermés dans son étroite enceinte, qui a à peu près deux arpens. Comme le terrain ne suffirait pas pour des fosses en longueur, on en a creusé une pour les sépultures communes, laquelle est un trou profond et couvert de planches dans lequel on descend les cercueils avec des cordes. On peut s’imaginer la quantité de miasmes putrides qui s’exhalent de cet antre ténébreux lorsque les fossoyeurs le découvrent pour recevoir un cercueil.