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l’avenue, quatre rangs de tombes, de tombeaux de pierres tumulaires et de cippes, de colonnes, des monumens de toutes les formes. Lorsqu’on est parvenu à la hauteur de la terrasse il faut s’y arrêter un moment pour contempler la beauté du coup d’œil qui est enchanteur. On aperçoit toute la perspective de la capitale des Français, et l’on découvre les tours de tous les édifices qui dépassent la sommité des maisons.

On se retourne, et l’on quitte une vue admirable pour l’échanger contre un triste et touchant spectacle ! D’abord les regards se portent sur un grand nombre de tombeaux ombragés d’ifs et de cyprès, placés sur une seule ligne le long de la muraille de l’ouest jusqu’à celle qui enclos le cimetière au midi. Ce fut en l’an 12, veille de la Pentecôte (1804), que l’on a enterré le premier corps ; les funèbres arbustes qu’on y a plantés depuis, forment, par leur élévation, la plus lugubre perspective de ces modernes Céramiques. Une multitude de tombes y sont déjà ensevelies sous l’herbe, et la mousse en a fait disparaître presqu’entièrement les inscriptions ; d’autres se sont brisées, et les plantes végètent entre leurs fragmens.

Les fosses communes, qui sont de longues tranchées de près de six pieds de profondeur, s’étendent parallèlement à ce rang de sépulcres. Les fossoyeurs n’y placent point les cercueils les uns sur les autres, comme dans les autres cimetières, mais de suite jusqu’à ce que la place leur manque. Quand cela arrive, ils creusent une autre tranchée parallèle à la première, et successivement plusieurs fosses ont déjà été ainsi creusées et remplies plusieurs fois, tant les corps s’y consomment rapidement. Les sels dont s’est imprégné le terrain qui a dévoré les dépouilles qu’on lui a confiées, lui communiquent une telle fertilité que nulle part l’herbe n’est plus épaisse et d’une verdure plus éclatante. Une nouvelle allée, plantée de jeunes tilleuls, sépare le local destiné aux sépultures communes, d’une autre où s’élèvent quatre rangs de tom-