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Que le ciel t’a fait parcourir ?
Doit-il éterniser tes vices ?
Insensé, leurs courtes délices
T’instruisaient à bientôt mourir.

La vie est la première idole,
Qui reçoit l’encens des mortels ;
Cependant, hélas ! on l’immole
Aux pieds de ses propres autels.
L’ambition la sacrifie
À la glorieuse manie
De s’exposer dans les combats ;
Comme si la funeste gloire
Que nous assure la victoire,
Nous dédommageait du trépas.

La vie est courte ; la sagesse
Doit en dispenser les momens ;
Mais, non : notre stupide ivresse
Dédaigne ces ménagemens.
Évitons un repos stérile ;
Dans une indolence tranquille
Craignons de nous ensevelir :
La sage et froide économie
Des heures d’une courte vie
Ne pourrait que nous avilir.

Ainsi parle un mortel avide
Qui cent fois traversant les flots,
Au gré d’un élément perfide
Livre sa vie et son repos,
Vil esclave d’un gain funeste,
Es-tu digne du bien céleste
Dont tu connais si mal le prix ?
Ce bien te semble peu de chose,
Et les richesses du Potose
Te coûtent peu, quand tu péris,