Page:Arnaud - De la frequente communion, 1643.djvu/412

Cette page n’a pas encore été corrigée

foy, et par l’ardeur de la charité, qui doit estre l’ame de la manducation corporelle, comme disent les peres ; vostre comparaison est semblable à celle d’une personne qui diroit qu’un homme mort approche fort d’un homme vivant. Et je repeterois icy volontiers ces excellentes paroles de Saint Bonaventure que j’ay desja rapportées au commencement de ce discours ; que celuy qui se trouve dans l’estat des chrestiens de l’eglise primitive, c’est à dire dans la sainteté de son baptesme, dans l’innocence, dans la charité, et dans la ferveur du Saint Esprit, fait fort bien de les imiter dans leurs frequentes communions : mais que celuy qui se trouve dans l’estat de l’eglise finissante, c’est à dire, froid et lent aux choses de Dieu, fait beaucoup mieux de ne communier que rarement. Que si l’on se trouve dans un estat comme moyen entre ces deux, l’on doit aussi se gouverner d’une maniere temperée, se retirant quelquefois par reverence de cette table, et d’autresfois s’en approchant par amour, et prendre, ou quitter l’une ou l’autre de ces deux voyes, d’éloignement, ou de frequentation, selon que nous reconnoistrons en nous un plus grand advancement dans la pieté.