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Vive la mort ! Elle n’oublie,
Du moins pendant quelques instants,
Que l’insensé qui l’injurie ;
Dès qu’un infortuné la prie,
Et lui dit : « Je suis prêt, j’attends, »
Sa douce voix jamais rebelle,
Répond à celui qui l’appelle :
« Reconnais la fille du temps,
« Et réjouis-toi de me suivre ;
« Laissons à ceux qui veulent vivre
« Le tourment des fiévreux plaisirs,
« Les noirs chagrins, les vains désirs :
« Moi, de tous maux je te délivre. »

Plus d’un moraliste fameux,
D’accord avec l’expérience,
Nous répète que l’existence
Est un sentier dur, épineux,
Court, mais rapide et tortueux.
À chaque pas est une ortie,
À peine y voit-on quelques fleurs.
Additionnons sans erreurs
Les biens et les maux de la vie ;
La colonne la mieux remplie
Est toujours celle des douleurs.
La mort vient-elle alors, ses charmes
Savent bientôt sécher nos larmes ;
Nous l’acceptons comme un bienfait,