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Ô flots, si vous pleurez autour du bateau noir
Que vos blanches vagues enlacent,
Si vous avez ces cris d’atroce désespoir
Que seuls les cris humains dépassent :
Est-ce que vous souffrez du poids mystérieux
Porté par ce radeau fragile
Que tant de pauvres cœurs, graves, silencieux,
Alourdissent de leur argile ?
Voulez-vous effacer par vos rumeurs le bruit
De la grande douleur humaine ?
Voulez-vous empêcher dans le vent et la nuit
Que notre âme entende sa peine ?
Comprenez-vous, ô flots terribles et profonds,
L’effroi de voir fuir la lumière
A l’heure où le couchant va glisser sur nos fronts,
Laissant la nuit plus solitaire ?