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Leur chanson bercera pendant de très longs jours,
Tour à tour menaçante, apaisée, ingénue,
Le voyageur qu’attend l’orgueil des beaux retours
Ou celui qui désire une joie inconnue.

Et moi qui ne veux rien que regarder la mer,
Immobile et pensive au milieu de la foule,
Sans farouche dédain et sans sourire amer,
Je m’écarte du drame humain qui se déroule.

Je suis silencieuse et grave sur le pont,
Écoutant les éclats de la gaîté sonore
De tous ces passagers indifférents qui vont
Sans souci du couchant et de la fraîche aurore.
 
Il leur faut le plaisir qui ne dure qu’un jour,
De la danse, des chants, des intrigues, du rire ;
Ils profanent le nom merveilleux de l’amour
En prononçant les mots que lui seul devrait dire.