Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée
131
SI TU M’AVAIS AIMÉE

Qui pourra déchiffrer le livre de la vie,
Et les profonds replis des cœurs silencieux,
Et ce que crie au soir la mer inassouvie,
Et ce que lui répond le vent large des cieux.

Qui nous dira pourquoi, des lèvres douloureuses,
Glissent, chargés d’amour, de pitié, de pardon^
Comme un miel lourd qui sort des alvéoles creuses,
Les mots longtemps gardés, les mots au sens profond ?

Qui nous dévoilera l’être intime des êtres
Appelés à jouir du fruit de nos efforts ?
Qui verra ce qui reste en nous de tant d’ancêtres,
Endormis maintenant dans les bras de la mort ?

Ah ! je voudrais savoir quel infini recèle,
Dans le jardin de deuil où l'on passe en tremblant
La porte du tombeau qu’un bloc de marbre scelle
Sur ceux dont le linceul couvre le front trop blanc.