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Se sentir vivre, c’est rendre palpitants ceux des détails de sa vie qui en valent la peine : faire de celui-là une expérience passagère et de celui-ci une expérience qui réussisse. Tout cela sans contrainte, sans programme imposé à l’avance, selon son tempérament, son état d’être du moment, sa conception de la vie.

III. On peut se prétendre anarchiste et végéter. On peut refléter l’anarchisme de son journal, de son écrivain préféré, de son groupe. On peut s’affirmer original et n’être au fond un hors texte ou un en dehors qu’à la deuxième ou troisième puissance.

Être astreint au joug d’une morale dite « anarchiste », c’est toujours être lié. Toutes les morales a priori se valent : théocratiques, bourgeoises, collectivistes ou anarchistes. Courber l’échine sous une règle de conduite contraire à votre jugement, à votre raison, à votre expérience, à ce que vous sentez et souhaitez, sous prétexte que c’est la règle choisie par tous les membres de votre groupement, c’est faire acte d’encloîtré, non d’anarchiste. Pas plus