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Ces explications fournies, on ne saurait donner tort à l’anarchiste illégaliste qui se considère comme trahi lorsque l’abandonnent ou s’insoucient d’expliquer son attitude les anarchistes qui ont préféré suivre un chemin moins périlleux que celui sur lequel il s’est engagé.

Je répète que j’ai dit en commençant ces lignes ; puisque pis aller il y a, celui offert par l’illégalisme est dangereux au plus haut point et il faudrait démontrer qu’il rapporte plus qu’il ne coûte, ce qui est un cas tout à fait exceptionnel. L’anarchiste illégaliste qui est jeté en prison n’a aucune faveur à espérer, au point de vue libération conditionnelle ou réduction de peine ; son dossier, comme on dit est marqué à l’encre rouge. Mais cette mise en garde faite, il faut encore signaler que l’illégalisme exige, pour être pratiqué sérieusement, un tempérament exceptionnellement trempé, un sang-froid, une sûreté de soi qui ne sont pas l’apanage de tous. Comme pour toutes les expériences de la vie anarchiste qui ne cadrent pas avec la routine de l’existence quotidienne, il est à redouter que la pratique illégaliste s’empare à un point tel de la volonté et de la pensée de l’illÈgaliste qu’elle le rende insensible à toute autre activité, à toute autre attitude. Il en est d’ailleurs de même pour certains petits métiers légaux qui épargnent à celui qui les exerce la présence à l’usine ou au bureau.

CONCLUSIONS

Les anarchistes économiques, les dirigeants et les gouvernants économiques imposent aux travailleurs des conditions de travail incompatibles avec la notion anarchiste de la vie, c’est-à-dire avec l’absence d’exploitation de l’homme par l’homme. En principe, un anarchiste refuse de se laisser imposer des conditions de travail, de se laisser exploiter : il n’accepte qu’à la condition d’abdiquer, de se