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l’angoisse de remonter déshonoré sur la scène du monde, je ne regrettai que ma fille, que je renonçais à jamais revoir.

J’étais certain que Louis XI respecterait l’héritière de la Bourgogne, qu’il désirait unir au dauphin. Le fils de l’empereur d’Allemagne était en outre intéressé à la défendre contre tout ennemi. J’étais donc tranquille sur le sort de Marie ; ma disparition rendait la paix à l’Europe ; les princes mes rivaux eussent poursuivi le conquérant coupable, ils ne pouvaient loyalement attaquer l’orpheline innocente : en me proscrivant, je sauvais la Bourgogne et ma fille.

Ainsi le sacrifice de moi-même offrait en son but quelque chose de généreux et de magnanime : avec transport je retrouvai dans mon âme quelque étincelle de vertu. Mon page me renouvela le serment de ne jamais trahir mes secrets ; et, dérobant mon visage à tous