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tière de l’Helvétie s’arme aux cris de vengeance et de liberté.

Pensais-je alors à me défendre ? m’occupais-je à rallier mes soldats ? reprenais-je ma vaillante énergie ? non. La terrible apparition du torrent avait entièrement changé mon être. Livide, l’œil hagard, déchiré de remords, marqué du sceau de la réprobation divine, je ne formais plus de projets, je n’avais plus de pensée, je restais des heures entières sans mouvement, sans parole, sans souvenir ; et tout à coup, tel qu’une montagne embrasée, je sortais du plus profond repos pour vomir un torrent d’imprécations, brûlantes laves du délire.

Dans un de ces accès d’égarement, repoussant le conseil de tous mes chevaliers, malgré les positions avantageuses des troupes suisses et l’immense supériorité de leur nombre, je voulus combattre ; et le reste de mon armée périt au bord du lac Morat. Là, des os-