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avaient excité l’envie de tous les princes mes rivaux. Ils m’admiraient et me haïssaient. Humilié, vaincu, j’entendais arriver jusqu’à mon oreille le cri de joie de l’Europe entière. Je voyais déjà les lâches adorateurs de la fortune se réunir pour accabler le triomphateur tombé. Me roulant avec frénésie au pied d’un rocher solitaire, demandant à grands cris la mort, j’exhalai ma rage en blasphèmes. Tout à coup un voile épais couvre la nature ; le ciel s’obscurcit ; ma pensée s’égare ; l’eau du torrent me paraît sanglante ; les rameaux de la forêt me semblent autant de poignards suspendus sur ma tête ; à la place des rochers je vois des monceaux de cadavres ; les gazons et les roseaux me représentent des flammes élevées de l’abîme ; et comme Prométhée au Caucase j’attends le vautour dévorateur.

Une vapeur bleuâtre s’amasse et se condense au bord du torrent ; le vent