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Quelques années avant la mort de Charles VII, j’avais connu le duc de Bretagne : une rivalité de jeunesse nous avait armés l’un contre l’autre ; en champ clos je l’avais combattu ; et Louis n’ignorait point notre inimitié mutuelle. A peine étais-je installé en Normandie, que le roi de France y envoie un de ses lieutenans chargé de pouvoirs extraordinaires rendant nuls ceux du gouverneur : et ce lieutenant était le duc de Bretagne.

À ce trait perfide, à ce nouvel affront, je voulus donner libre cours à ma rage : Saint-Maur eut encore l’art de la réprimer. Mais en blâmant les transports d’indignation d’une âme vertueuse il m’apprit à tromper les hommes ; il accoutuma Charles à sacrifier le sentiment à l’intérêt ; il m’apprit à remplacer les nobles élans du cœur par les froids calculs de l’esprit. Il acheva d’étouffer en moi ces germes féconds d’enthousiasme et de loyauté qui développés librement, n’eus-