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de celui dont les lèvres sont avares de paroles.

Captivant l’admiration publique, forçant aux éloges les indifférens, il étendait sur ses ennemis comme un rets magique qui les contraignait au silence. Calme et sérieux, il semblait entièrement maître de lui-même, et cependant son âme ardente et passionnée, souvent ne pouvait comprimer ses élans impétueux. Il avait porté l’amitié jusqu’au fanatisme : s’il eût connu l’amour, peut-être l’eût-il porté jusqu’au délire. L’ardeur brûlante de ses sentimens se réfléchissait rarement sur ses traits impassibles : pieux et magnanime, il élevait son cœur vers le Ciel, même dans les momens où l’observateur l’aurait cru tout entier à la terre ; et de même que les pensées les plus sublimes pouvaient sortir de son esprit exalté, les plus héroïques sacrifices pouvaient être obtenus de sa grande âme.