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Il en est qui, pour résoudre cette question de l’unité, admettent la participation[1] ; mais ils ne savent ni quelle est la cause de la participation, ni ce que c’est que participer. Suivant d’autres, ce qui fait l’unité, c’est la liaison[2] avec l’âme : la science, dit Lycophron[3], c’est la liaison du savoir avec l’âme. D’autres, enfin, disent que la vie, c’est la réunion, l’enchaînement[4] de l’âme avec le corps. Or, on peut en dire autant de toutes choses. La santé serait donc alors la liaison, l’enchaînement, la réunion de l’âme et de la santé ; le triangle d’airain, la réunion de l’airain et du triangle ; le blanc, la réunion de la surface et de la blancheur.

C’est la recherche de la cause qui produit l’unité de la puissance et de l’acte[5], et l’examen de leur différence, qui a été la source de ces opinions. Or, nous l’avons dit, la matière immédiate et la forme sont une seule et même chose ; seulement l’une est l’être en puissance, l’autre, l’être en acte. Chercher quelle est la cause de l’unité, et chercher celle de la forme substantielle de l’unité, c’est donc la même recherche. Car chaque unité individuelle, soit unité en puissance, soit unité en acte, est, sous un point de vue, l’unité. Aussi n’y a-t-il pas d’autre cause d’unité que le moteur qui fait passer les êtres de la puissance à l’acte. Quant aux êtres qui n’ont pas de matière, ils ne sont tous qu’êtres purement et simplement.

  1. Les partisans de la théorie des idées.
  2. Συνουσίαν.
  3. Les commentateurs appellent ce personnage, Lycophron le sophiste : il nous est d’ailleurs parfaitement inconnu. Il a dû être nécessairement postérieur au Lycophron fils de Périandre, et antérieur à ce poète surnommé σϰοτεινός, l’obscur, qui composa, sous le règne de Ptolémée Philadelphe, le poème de la prophétie de Cassandre ; ce fut probablement quelque contemporain de Gorgias, de Protagoras, ou l’un de leurs disciples immédiats.
  4. Σύνθεσιν, συνδεσμόν.
  5. Λόγον ἑνοποιόν.