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voir de la cause motrice, elle ne fera jamais une scie avec de la laine ou du bois. Que, s’il est possible de produire les mêmes choses avec des matières différentes, il faut évidemment que, dans ce cas, l’art, le principe moteur, soit le même ; car si la matière et le moteur différent en même temps, le produit aussi sera différent.

Lors donc que l’on voudra étudier les causes, il faudra énumérer toutes les causes possibles, puisque la cause s’entend de différentes manières[1]. Ainsi, quelle est la cause matérielle de l’homme ? les menstrues. Quelle est la cause motrice ? le sperme, peut-être. Quelle est la cause formelle ? c’est l’essence pure. Quelle est la cause finale ? c’est le but. Peut-être ces deux dernières causes sont-elles identiques. Il faut aussi avoir soin d’indiquer toujours la cause la plus prochaine : si l’on demande, par exemple, quelle est la matière, ne point répondre le feu, ou la terre, mais dire la matière propre. Tel est, relativement aux substances physiques sujettes à production, l’ordre de recherches qu’il faut nécessairement suivre, si l’on veut procéder régulièrement, puisque tel est le nombre et la nature des causes[2], et que ce qu’il faut connaître, ce sont les causes.

Quant aux substances physiques éternelles, il faut procéder autrement ; car quelques-unes peut-être n’ont pas de matière, ou du moins leur matière n’est pas de même nature que celle des autres êtres, elle

  1. Voyez liv. V, 2, t. I, p. 149 sqq.
  2. Liv. I, 5 sqq., t. I, p. 12 sqq.