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avoir d’existence hors du particulier, par exemple une maison, un vase. Peut-être même ces objets ne sont-ils point véritablement des substances ; peut-être doit-on dire que la forme naturelle est seule la substance des êtres périssables.

Ceci nous fournit l’occasion de lever la difficulté posée par l’École d’Antisthène[1], et par d’autres ignorants de cette espèce[2]. Ils disent qu’on ne peut point définir la forme substantielle, parce que la définition est une longue suite de mots[3] ; qu’on peut bien faire connaître quelle est la qualité d’un objet, celle de l’argent, par exemple ; mais non pas dire en quoi il consiste : on dira bien que l’argent est analogue à l’étain. Or, il résulte de ce que nous avons dit qu’il y a des substances dont il peut y avoir notion et définition ; ce sont les substances composées, qu’elles soient sensibles, ou intelligibles. Mais on ne peut point définir les éléments premiers de ces substances, car définir une chose, c’est la rapporter à une autre. Il faut qu’il y ait, dans toute définition, d’un côté la matière, de l’autre la forme.

Il est évident aussi que, si les substances sont des nombres, c’est à titre de définition, et non point, selon l’opinion de quelques-uns, comme composées de monades. La définition, en effet, est une sorte de nombre (elle est divisible comme le nombre en parties indivisibles ; car il n’y a pas une infinité de notions dans la

  1. Les Cyniques.
  2. Οἱ οὕτως ἀπαίδευτοι.
  3. Λόγον μαϰρόν.