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grave ; et de même pour tout le reste. Il résulte clairement de là que, pour les différentes matières il y a différents actes, des notions diverses : l’acte est pour l’une la composition, pour l’autre le mélange, ou quelqu’un des autres caractères que nous avons signalés. D’où il suit que ceux qui définissent une maison, en disant que c’est de la pierre, de la brique, du bois, parlent de la maison en puissance, car tout cela est de la matière ; ceux qui disent que c’est un abri destiné à recevoir des hommes et des meubles, ou bien qui déterminent quelque autre caractère de ce genre, ceux-là définissent la maison en acte. Ceux qui réunissent ces deux espèces de caractères définissent la troisième substance, l’ensemble de la matière et de la forme (en effet, la définition par les différences est, ce semble, la définition de la forme et de l’acte ; celle qui ne porte que sur l’objet constitutif est plutôt la définition de la matière). Les définitions qu’a données Archytas[1] sont de ce genre ; elles portent sur l’ensemble de la forme et de la matière. Ainsi, qu’est-ce que le calme ? c’est le repos dans l’immensité des airs. L’air est, dans ce cas, la matière, et le repos est l’acte et l’essence. Qu’est-ce que la bonace ? c’est la tranquillité de la mer : le sujet matériel, c’est la mer ; l’acte et la forme, c’est la tranquillité.

On voit clairement, d’après ce que nous avons dit,

  1. Archytas, de Tarente, un des plus fameux Pythagoriciens ; il fut le contemporain de Socrate, et l’un de ces maîtres nombreux dont l’enseignement influa sur le développement du génie de Platon. Voyez sur Archytas une excellente dissertation de M. Egger, De Archytœ Tarentini vita, operibus et philosophia, in-8.