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c’est-à-dire la forme, ou par la tournure, laquelle est la position, ou par l’arrangement, c’est-à-dire l’ordre[1]. Mais il y a, ce semble, un grand nombre de différences : ainsi, certaines choses résultent d’une composition matérielle, celles, par exemple, qui proviennent du mélange, comme l’hydromel ; dans d’autres entrent des chevilles, un coffre, par exemple ; dans d’autres des liens, ainsi un faisceau ; dans d’autres de la colle, comme le livre ; dans quelques objets il entre plusieurs de ces choses à la fois. Pour certaines choses il n’y a différence que de position, ainsi le seuil de la porte et le couronnement ; différence de temps : le dîner et le souper ; différence de lieu : les vents[2]. Les objets peuvent différer aussi par les qualités sensibles, la dureté et la mollesse, le dense et le rare, le sec et l’humide : les uns diffèrent sous quelques-uns de ces rapports, les autres sous tous ces rapports à la fois. Enfin il peut y avoir différence en plus ou en moins. Il est évident, d’après cela, que l’être se prendra sous autant d’acceptions que nous avons signalé de différences : tel objet est un seuil, parce qu’il a telle position ; être, pour lui, signifie être placé de telle manière. Être glace, signifie, pour l’eau, avoir telle densité. Dans quelques circonstances, l’être sera déterminé par toutes ces différences à la fois,

  1. Ῥυσμῷ, τροπῇ, διαθίγῃ
  2. Aristote enseigne dans le traité des Météores, qu’il n’y a entre les vents aucune différence de nature, que leur matière commune, pour parler comme lui, c’est une exhalaison sèche, et qu’il n’y a de véritable différence entre eux que par les lieux différents d’où ils soufflent. Voyez Meteorologica, II, 4, Bekk., p. 359 sqq.