toutes une matière : le sujet est une substance, soit qu’on le considère comme matière, et par matière j’entends ce qui est en puissance tel être déterminé, mais non pas en acte ; soit qu’on le considère comme la forme et la figure de l’être, c’est-à-dire cette essence qui est séparable de l’être, mais séparable seulement par la conception. En troisième lieu vient l’ensemble de la matière et de la forme, qui seul est soumis à la production et à la destruction, et qui seul est complètement séparable. Car parmi les substances que nous ne faisons que concevoir, les unes sont séparables, les autres ne le sont pas.
Il est donc évident que la matière est une substance ; car dans tous les changements du contraire au contraire il y a un sujet sur lequel s’opère le changement[1] : ainsi, dans les changements de lieu, il y a ce qui maintenant est ici, et plus tard sera ailleurs ; dans les changements par augmentation et diminution, il y a ce qui maintenant a telle grandeur, et plus tard sera plus petit ou plus grand ; dans les changements par altération il y a ce qui est aujourd’hui sain, demain malade ; de même pour la substance, il y a ce qui maintenant se produit, et plus tard se détruit, ce qui est actuellement sujet comme être déterminé, et sera plus tard sujet par privation. Tous les autres changements accompagnent toujours ce dernier, la production et la destruction ; celui-là, au contraire, ne se trouve pas nécessairement joint à un ou plusieurs des autres. Car il n’y a pas nécessité que quiconque a une
- ↑ Voyez le De generatione et corruptione, I. 5, Bekker, p. 320.