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simples il n’y a pas lieu à demande ni à réponse sur ce point, et que les questions qui se rattachent à ces êtres sont d’une autre nature.

Ce qui a une cause est composé ; mais il y a unité dans le tout, il n’est pas une sorte de monceau, il est un comme la syllabe. Or, la syllabe n’est pas seulement les lettres qui la composent, elle n’est pas la même chose que A et B. La chair non plus n’est pas le feu et la terre seulement. Dans la dissolution, la chair, la syllabe cessent d’exister, tandis que les lettres, le feu, la terre, existent encore. La syllabe est donc quelque chose qui n’est pas seulement les lettres, la voyelle et la consonne ; elle est autre chose encore ; et la chair n’est pas seulement le feu et la terre, le chaud et le froid, mais encore autre chose[1]

Admettra-t-on qu’il est nécessaire que ce quelque chose soit, lui aussi, ou bien un élément, ou bien un composé d’éléments ? Si c’est un élément, nous répéterons notre raisonnement de tout à l’heure : ce qui constituera la chair ce sera cet élément avec le feu, la terre, et autre chose encore, et de la sorte on ira à l’infini. Si c’est un composé d’éléments, évidemment il n’est pas composé d’un seul élément, mais de plusieurs, sinon il serait l’élément composant lui-même. Nous ferons donc pour lui le même raisonnement que pour la chair, la syllabe.

La cause en question est donc, ce semble, quelque chose qui n’est pas élément, et qui pourtant est la cause que ceci est de la chair, ceci une syllabe ; et pour

  1. Liv. I, 7, t. 1, p. 55, 56.