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existence déterminée, sont indépendants, sont des substances ; et par conséquent l’animal soi. Or, supposons que l’animal en soi réside dans le cheval au même titre que tu es dans toi-même[1], comment sera-t-il un dans des êtres qui existent séparément ; et pourquoi, dans ce cas, l’animal dont nous parlons ne sera-t-il pas séparé de lui-même ?

Ce n’est pas tout : si l’animal en soi participe de l’animal qui n’a que deux pieds et de celui qui en a un plus grand nombre, il en résulte une impossibilité. Le même être, un être un et déterminé, réunirait à la fois les contraires.

Mais s’il n’y a pas participation, à quel titre dira-t-on que l’animal est un bipède, qu’il est un être qui marche ? Y aurait-il par hasard composition, contact, ou mélange ? mais toutes ces suppositions sont absurdes[2]. L’animal serait-il différent dans chaque individu ? il y aurait donc alors une infinité d’êtres, si je puis dire, qui auraient l’animal pour substance ; car l’homme n’est pas un accident de l’animal. Ajoutez que l’animal en soi serait multiple. D’un côté, en effet, l’animal dans chaque individu est substance ; il n’est point l’attribut d’un autre être, sinon ce serait cet être qui constituerait l’homme, et qui en serait le genre. D’un autre côté enfin toutes les choses qui constituent l’homme sont des idées. L’animal ne

  1. Ὥσπερ σὺ σαυτῷ. On a vu plus haut que le moi, si l’on nous passe cette expression moderne, était identique à lui-même, et se confondait complètement avec son essence, sa forme substantielle.
  2. Liv. I, 7, t. I, p. 49 sqq. ; liv. XIIII, 4, 5.