Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’autres conséquences, on tombe dans celle du troisième homme[1].

Voici encore une autre preuve. Il est impossible que la substance soit un produit de substances qu’elle contiendrait en acte. Deux êtres en acte ne deviendront jamais un seul être en acte. Mais si les deux êtres ne sont qu’en puissance, il pourra y avoir unité. En puissance, le double, par exemple, se compose de deux moitiés. L’acte sépare les êtres. Si donc il y a unité dans la substance, la substance ne saurait être un produit de substances contenues en elle, et de cette manière l’expression dont se sert Démocrite est fondée en raison : Il est impossible, dit-il, que l’unité vienne de deux, ou deux de l’unité. En effet, pour Démocrite les grandeurs indivisibles sont les substances[2].

La même conséquence s’applique encore au nombre, si le nombre est, comme le disent quelques-uns, une collection de monades. Ou la dyade n’est pas une unité, ou bien la monade n’existe pas en acte dans la dyade.

Toutefois, ces conséquences entraînent une difficulté. Si l’universel ne peut constituer aucune sub-

  1. Voyez liv. I, 7, t. 1, p. 44.
  2. Les atomes sont ainsi appelés à cause de leur indivisibilité même. Un atome ne peut donc pas faire deux êtres. Deux atomes ne peuvent pas davantage faire un seul être, et par être il faut entendre ici un être simple, indivisible, un autre atome ; parce que, suivant Démocrite, entre eux il y aura toujours un principe de séparation, à savoir le vide, lequel entre toujours avec le plein dans tout corps composé. Voyez Alexandre, Schol., p. 764 ; Sepulv., p. 212 ; Asclépius, Schol. p. 764, et le liv. I, 4, t.1, p. 22, 23,