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Nous avons dit que le sujet s’entend de deux manières : il y a l’être déterminé, ainsi, l’animal sujet des modifications ; il y a la matière sujet de l’acte. Il semble que l’universel est, lui aussi, lui surtout, cause de certains êtres, et que l’universel est un principe. Occupons-nous donc de l’universel.

Il est impossible, selon nous, qu’aucun universel, quel qu’il soit, soit une substance. Et d’abord, la substance première d’un individu, c’est celle qui lui est propre, qui n’est point la substance d’un autre. L’universel, au contraire, est commun à plusieurs êtres ; car ce qu’on nomme universel, c’est ce qui se trouve, de la nature, en un grand nombre d’êtres. De quoi l’universel sera-t-il donc substance ? Il l’est de tous les individus, ou il ne l’est d’aucun ; et qu’il le soit de tous, cela n’est pas possible. Mais si l’universel était la substance d’un individu, tous les autres seraient cet individu, car l’unité de substance et l’unité d’essence constituent l’unité d’être. D’ailleurs, la substance, c’est ce qui n’est pas l’attribut d’un sujet ; or, l’universel est toujours l’attribut de quelque sujet.

L’universel ne peut-il donc pas être substance à titre de forme déterminée, l’animal ne peut-il pas être l’essence de l’homme et du cheval ? Mais alors il y aurait donc une définition de l’universel. Or, que la définition renferme ou non toutes les notions qui sont dans la substance, peu importe ; l’universel n’en sera pas moins la substance de quelque chose : homme sera, par exemple, la substance de l’homme en qui il