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conséquent, on ne doit pas dire : Entre les animaux qui ont des pieds, les uns ont des plumes, les autres n’en ont pas, quoique cette proposition soit vraie ; on n’en usera de la sorte que dans l’impossibilité de diviser la différence. On dira donc : Les uns ont le pied divisé en doigts[1], les autres n’ont pas le pied divisé en doigts[2]. Ce sont-là, en effet, des différences du pied : la division du pied en doigts[3] est une manière d’être du pied[4]. Et il faut poursuivre de cette façon, jusqu’à ce qu’on arrive à des objets entre lesquels il n’y a plus de différences. À ce point, il y aura autant d’espèces de pieds que de différences, et les espèces d’animaux ayant des pieds seront en nombre égal aux différences du pied. Or, s’il en est ainsi, il est évident que la dernière différence doit être l’essence de l’objet et la définition ; car il ne faut pas, dans les définitions, répéter plusieurs fois la même chose, ce serait inutile. Cela se rencontre pourtant, quand on dit : animal à pieds, bipède[5], qu’est-ce dire, sinon, animal ayant des pieds, ayant deux pieds ? et si l’on divise ce dernier terme dans les divisions qui lui sont propres, il y aura plusieurs tautologies, autant que de différences.

Si l’on a atteint la différence de la différence, une seule, la dernière, est la forme, l’essence de l’objet. Mais si c’est par l’accident qu’on distingue, comme

  1. Σχιζόπουν.
  2. Ἄσχιστον.
  3. Σχιζοποδία.
  4. Ποδότης τις.
  5. Ζῶον ὑπόπουν δίπουν.