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dans les mss. : Verba sunt Parmenidis, sed quæ emenda non carent.

Il ne faudrait pas conclure non plus, de l’intégrité de ce texte, que Parménide ait jamais écrit en prose, et que ce soit là un extrait d’un de ces ouvrages perdus. Il n’y a aucun témoignage concluant qui vienne à l’appui d’une telle opinion, et le mot πεζῇ désigne chez Platon ces discussions, ces conversations auxquelles avait pris part Socrate, lors du séjour de Parménide à Athènes.

Karsten pense que la rédaction οὐ γὰρ… de la pensée de Parménide, appartient à Platon, et non à Parménide lui-même ; aussi change-t-il ἔοντα, forme poétique et ionienne, en ὄντα. Il allègue à l’appui de son opinion un passage des Lois, XII, 684, où se trouvent trois négations l’une sur l’autre, et les exemples analogues réunis par Wyttenbach, Annot. ad Phædon, p. 199. Même en adoptant l’opinion de Karsten, le mot ἐόντα ne nous semble pas messéant : ce serait comme un trait de couleur locale qui donnerait plus de vraisemblance a la supposition de Platon ; mais nous ne voyons pas pourquoi la phrase tout entière ne serait pas de Parménide.

Page 298. Seront-ils les substances, ou les modifications, et ainsi du reste ? ou seront-ils à la fois toutes ces choses, et y aura-t-il identité… ?

Nous lisons avec les anciens éditeurs, et deux des manuscrits de Bekker : πότερον αἱ οὐσίαι, ἢ τὰ πάθη ; καὶ τὰ ἀλλὰ δὴ ὁμοίως ἢ ἅπαντα (ou ἢ πάντα) καὶ ἔσται … plutôt que … ὁμίως ἅπαντα, avec Brandis, p. 294, et Bekker, p. 1089. La leçon des nouveaux éditeurs donne comme une suite de la première hypothèse ce qui doit être évidemment une hypothèse particulière. Si la disjonctive ἤ a un sens devant τὰ πάθη, si on ne la remplace pas par καί, il est impossible que καὶ ἔσται ἓν τὸ τόδε καὶ τὸ τόιονδε καὶ τὸ τοσόνδε… soit la conséquence de ce que l’être serait ou l’essence ou bien les modifications, αἱ οὐσίαι ἢ τὰ πάθη. Naturellement il faut supposer deux cas : 1° l’être substance, ou mode ; 2° l’être à la fois substance et mode.