Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

[1], de même l’essence est le principe de toute production. Il en est des productions de la nature comme des productions de l’art. Le germe remplit à peu près le même rôle que l’artiste ; car il a en puissance la forme de l’objet, et ce dont vient le germe porte généralement le même nom que l’objet produit. Je dis généralement, car il ne faut point chercher en cela une rigueur exacte : l’homme vient de l’homme, il est vrai ; mais la femme aussi vient de l’homme. Il faut d’ailleurs que l’animal ait l’usage de tous ses organes : ainsi, le mulet ne produit pas le mulet.

Les productions du hasard, dans la nature, sont celles dont la matière peut prendre par elle-même le mouvement qu’imprime ordinairement le germe. Toutes les choses qui ne sont pas dans cette condition ne peuvent point être produites autrement que par une cause motrice du genre de celles dont nous avons parlé.

Ce n’est point seulement pour la forme de la substance que toute production est démontrée impossible : le même raisonnement s’applique à toutes les catégories, à la quantité, à la qualité, et à tous les autres modes de l’être. Car, de même qu’on produit une sphère d’airain et non pas la sphère ni l’airain (et la même chose s’applique à l’airain considéré comme une production, puisque toujours dans les productions il y a une matière et une forme qui préexistent), de

  1. Voyez plus bas, liv. XIII, 4. C’est cette considération qui amena Socrate, selon Aristote, à donner le premier des définitions exactes des objets.