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il s’agit ici d’un statuaire. Il n’y a pas incompatibilité, sans doute, entre les deux qualités ; toutefois ce n’est que par une hypothèse gratuite qu’on les attribuerait ici au même individu. Brandis, dans les Scolies, p. 783, conserve le nom de Pason, qu’avait donné Sepulveda dans la traduction d’Alexandre. Voici l’histoire, fausse ou vraie, que raconte Alexandre à propos de l’Hermès de Pason : « Le statuaire Pason avait fait un Hermès de pierre de telle façon, qu’on voyait bien un Hermès, mais qu’on ne pouvait dire si cet Hermès était dans la pierre ou s’il était dehors. On ne pouvait dire qu’il fût dehors, puisqu’il eût fallu pour cela que la pierre fût sculptée, et qu’elle présentât des inégalités ; or, le bloc était parfaitement uni, uni comme un miroir. L’Hermès n’était donc pas en dehors. On eût pu dire qu’il était en dedans, si la pierre avait présenté des joints, des sutures : alors c’eût été un Hermès sculpté dans une pierre, puis recouvert, enfermé d’autres pierres fort minces ; l’Hermès fût resté visible par suite de la transparence des pierres minces qui l’auraient couvert, comme ces figures de cire qui restent visibles sous le verre ou tout autre corps transparent dont on les recouvre. On eût pu tirer ces conclusions, s’il en avait été ainsi. Mais la pierre n’était qu’un bloc unique et continu ; il n’y avait aucune pièce de rapport, etc. » Alex., Schol., p. 783 ; Sepulv., p. 240, 241.

Nous n’en savons pas davantage sur cette étrange particularité, ni sur Pason. Et il ne faut pas demander aux commentateurs du moyen-âge de nous éclairer sur ce point. Ils ont cru qu’il s’agissait d’une comparaison entre un certain Passienès ou Paxonas, et Mercure. « … Sequeretur inconveniens, dit Albert le Grand, quod Passienes qui fuit homo iners, et nihil sciens laudabilium, esset adeo perfectus sicut Mercurius, qui tantœ speculationis fuit, quod Deus putabatur esse scientiœ. » Beat. Alb. magn. ord. prœd., t. III, p. 322. St. Thomas, qui lisait avec le vieux traducteur Paxonas Mercurius, fait une remarque analogue : « non videretur differentia inter aliquem sapientem, sicut fuit Mercurius, et aliquem insipientem, sicut fuit Paxonas. « In Metaph., fol.121, b.