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Page 73. Si donc c’est cette essence qui est cause de l’existence ; si c’est elle qui est la substance, c’est à elle qu’il faut donner le nom de substance. BEKKER, p. 1043 ; BRANDIS, p. 169 : εἰ οὖν τοῦτ’ αἴτιον τοῦ εἶναι, καὶ οὐσία τοῦτο, αὐτὴν ἂν τὴν οὐσίαν λέγοιεν.

Argyropule traduit : « Si igitur hoc causa est ipsius esse atque substantiæ, hoc sane substantiam ipsam dicerent esse. » Cette traduction suppose οὐσίας, mais Bekker n’a trouvé ce génitif dans aucun de ses mss., et tous les éditeurs sans exception donnent καὶ οὐσία. D’ailleurs il y aurait alors une confusion de termes dans la phrase d’Aristote. Ce qui est la cause de la substance, il faut l’appeler non pas substance mais cause de la substance. Il y a, dans la leçon vulgaire, une négation devant λέγοιεν. Bessarion, et plus anciennement le vieux traducteur, ont eu sous les yeux cette leçon : Ipsam utique substantiam non dicent, traduit celui-ci ; ipsam substantiam utique non dicerent, traduit Bessarion. Mais on ne peut plus rapporter cette conclusion à la forme, à cette essence dont il s’agit ; il faut faire tomber le mot αὐτήν sur la matière, dont il a été question plus haut ; ou plutôt sur l’ensemble de la matière et de la forme. Nous avons alors une impropriété de termes : αὐτός se rapporte habituellement au substantif nommé le dernier ; pour désigner ce qui précède, on se sert d’une autre expression. Cette négation, du reste, Bekker ne l’a pas trouvée dans ses manuscrits ; les commentateurs ne l’indiquent point ; Alexandre d’Aphrodisée se contente de dire que, dans ce cas (dans l’hypothèse de la forme, cause unique d’existence), qui dira substance dira forme, et ne dira rien autre chose, Sepulv., p. 224 ; et Philopon répète, en la développant, l’interprétation d’Alexandre : « Clarum ergo, dit Philopon, quod si quis substantiam dicat, nibil aliud quam formam dicit, quam nemo facit, sed fit, et gignitur compositum. » fol. 34, b.

Page 77. Que s’il est possible de produire les mê-