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Au lieu de οἷον εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο, ζῶον ἐρεῖ qu’on lit dans Bekker, p. 1040, et dans Brandis, p. 159, les anciens éditeurs écrivent εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο ζῶον. Nous préférons la première leçon, qui réunit dans le même membre de phrase tous les éléments de la définition de l’individu : animal, maigre, blanc, etc. On peut toutefois défendre la leçon vulgaire. Il y a, selon Aristote, deux manières de considérer l’homme : on peut le considérer ou comme la réunion d’une âme et d’un corps, ou comme une intelligence. Dans le premier cas, on ne peut définir l’homme, par conséquent, qu’en le rapportant au genre animal ; dans le second cas, sa définition serait un peu différente dans les termes. Il n’est donc pas impossible qu’Aristote ait voulu conserver, en parlant de l’individu, cette distinction, et indiquer seulement le cas où le mot animal entre dans la définition de l’homme. Mais il faut remarquer aussi que jamais Aristote, dans la Métaphysique, n’insiste sur la distinction. Toutes les fois qu’il s’agit de l’homme, Aristote le définit en le rapportant au genre animal. Il admet, comme déjà on l’a dû remarquer, la fameuse définition. L’homme est un animal à deux pieds, sans plumes, ζῶον ἄπτερον δίπουν.

Observons en passant que c’est sur l’autorité du passage d’Alexandre d’Aphrodisée relatif à cette phrase, qu’on a contesté l’authenticité des derniers livres du commentaire d’Alexandre, et que c’est sur ce passage même que s’appuie, et avec raison, Ginès Sepulveda, pour les revendiquer en sa faveur.

Aristote dit au lecteur : Supposons qu’on veuille donner ta définition. Le lecteur c’est vous, c’est moi, c’est Alexandre d’Aphrodisée. Vous et moi nous dirions à Aristote : Admettons la supposition ; alors on me définira : animal, etc. Alexandre répond, à la manière antique : Voyons, définis Alexandre ; tu diras : Alexandre est un animal, etc., οἷον εἴ τις ὁριζόμενος τὸν Ἀλέξανδρον λέγει Ἀλέξανδρός ἐστι ζῶον λευκὸν… Schol., p. 768, Sepulv., p. 214 ; voyez aussi t. I de cette traduction, Notes, liv. VI, p. 272. Ce n’est pas autrement qu’Hérodote et Thucydide écrivaient : Ceci est l’exposition des faits historiques re-