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jamais production de l’être particulier ; il ne se produirait que des qualités. Or, la qualité n’est point l’essence, la forme déterminée, mais ce qui donne à l’être tel ou tel caractère, de telle sorte qu’après la production on dise : tel être a telle qualité. L’être réalisé, au contraire, Socrate, Callias, pris individuellement, est dans le même cas que telle sphère d’airain particulière. L’homme et l’animal sont comme la sphère d’airain en général. Il est donc évident que les idées considérées comme causes, et c’est le point de vue des partisans des idées, supposé qu’il y ait des êtres indépendants des objets particuliers, sont inutiles pour la production des essences, et que ce ne sont pas les idées qui constituent les essences des êtres[1]. Il est encore évident que dans certains cas ce qui produit est de même nature que ce qui est produit, mais ne lui est point identique en nombre : il y a seulement identité de forme, comme il arrive, par exemple, pour les productions naturelles. Ainsi, l’homme produit l’homme. Toutefois, il peut y avoir une production contre nature : le cheval engendre le mulet ; et encore la loi de la production est-elle ici la même ; la production a lieu en vertu d’un type commun au cheval et à l’âne, d’un genre qui se rapproche de l’un et de l’autre et qui n’a pas reçu de nom. Le mulet est probablement un genre intermédiaire.

On voit assez qu’il n’est pas besoin qu’un exemplaire particulier fournisse la forme des êtres ; car ce serait surtout dans la formation des êtres individuels

  1. Voyez au liv. I, 7, t. 1, p. 46 sqq. ; et plus bas, liv. XIII, 4, 5.