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livre vii 27

un autre être, par le moyen de l’art, ou de la nature, ou d’une puissance[1]. Ce qu’elle produit, en se réalisant dans un objet, c’est, par exemple, une sphère d’airain : la sphère d’airain est le produit de l’airain et de la sphère ; telle forme a été produite dans tel objet, et le produit est une sphère d’airain. Si l’on veut qu’il y ait véritablement production de la sphère, l’essence proviendra de quelque chose ; car il faudra toujours que l’objet produit soit divisible, et qu’il y ait en lui une double nature ; d’un côté la matière, de l’autre, la forme. La sphère est une figure dont tous les points sont également éloignés du centre ; il y aurait donc d’une part le sujet sur lequel agit la cause efficiente, de l’autre, la forme qui se réalise dans ce sujet, et enfin l’ensemble de ces deux choses, de la même manière que pour la sphère d’airain.

Il résulte évidemment de ce qui précède, que ce qu’on appelle la forme, l’essence, ne se produit point : la seule chose qui devienne, c’est la réunion de la forme et de la matière ; que dans tout être qui est devenu il y a de la matière : d’un côté la matière, de l’autre la forme.

Y a-t-il donc quelque sphère en dehors des sphères sensibles, quelque maison indépendamment des maisons de briques ? S’il en était ainsi, il n’y aurait

  1. Alexandre, id. ibid. « A potestate, ut virtutes. Virtutes enim formæ quædam sunt, animam adornantes, ut formæ materiam exornant. Quæ quidem virtutes non generantur, non magis quam globus sed fiunt in alio, hoc est in anima, ut globus in ære. »