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n’admettent pas l’hypothèse eux-mêmes. Le nombre viendrait-il de la composition, comme la syllabe ? Mais alors les éléments occuperaient diverses positions, et celui qui penserait le nombre penserait séparément l’unité et la pluralité. Le nombre, dans ce cas, sera donc la monade et la pluralité, ou bien l’un et l’inégal.

Ensuite, comme venir d’un être signifie tantôt être composé de cet être pris comme partie intégrante, et tantôt signifie autre chose[1], dans quel sens faut-il dire que le nombre vient des principes ? Les êtres sujets à production peuvent seuls, et non pas le nombre, venir de principes considérés comme éléments constitutifs. En vient-il comme d’une semence ? Mais il est impossible que rien sorte de l’indivisible. Le nombre viendrait-il donc des principes comme de contraires qui ne persistent pas en tant que sujet ? Mais tout ce qui se produit ainsi vient d’autre chose qui persiste comme sujet. Puis donc que les uns opposent l’unité à la pluralité comme contraire, que les autres l’opposent à l’inégalité, prenant comme ils font l’unité pour l’égalité, le nombre viendra de contraires ; mais alors il faudra qu’il y ait quelque chose différent de l’unité, qui persiste comme sujet, et dont vienne le nombre. Ensuite, tout ce qui vient de contraires et tout ce qui a en soi des contraires étant sujet à la destruction, contînt-il même les principes tout entiers, pourquoi le nombre est-il impérissable ? C’est ce qu’on n’explique pas. Et cependant le contraire détruit son contraire, qu’il soit ou non compris dans le

  1. Voyez liv. V, 24, t.1, p. 196, 197.