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qu’il faut admettre tout d’abord une fausse hypothèse, comme les Géomètres, lesquels supposent que ce qui n’est pas un pied est un pied. Mais il est impossible d’accepter un tel principe. Et d’abord les Géomètres n’admettent pas d’hypothèses fausses, car ce n’est pas de la ligne réalisée qu’il s’agit dans le raisonnement[1]. Ensuite, ce n’est pas de cette espèce de non-être que proviennent les êtres, ce n’est pas en lui qu’il se résolvent. Mais le non-être, au point de vue de la perte de l’existence, se prend sous autant d’acceptions qu’il y a de catégories ; il y a ensuite le non-être qui signifie le faux, puis le non-être qui est l’être en puissance : c’est de ce dernier que proviennent les êtres. C’est de ce qui n’est pas homme, mais qui est un homme en puissance, que provient l’homme ; le blanc provient de ce qui n’est pas blanc, mais qui est blanc en puissance. Et il en est ainsi, soit qu’il n’y ait qu’un seul être qui devienne, soit qu’il y en ait plusieurs.

Dans l’examen de cette question : Comment l’être est-il plusieurs ? on ne s’est occupé, ce semble, que de l’être entendu comme essence ; ce qu’on fait devenir, ce sont des nombres, des longueurs et des corps. Il est donc absurde, en traitant cette question : Comment l’être est-il plusieurs êtres ? de traiter unique-

  1. ὐ γὰρ ἐν τῷ συλλογισμῷ ἡ πρόστασις. Alexandre commente ainsi cette phrase : Οὐ γὰρ… ἴσον ἐστὶ τῷ οὐ γὰρ ἠ προτεινομένη γραμμὴ ἐν τῷ συλλογισμῷ καὶ τῇ ἀποδείξει παραλαμβάνεται, ἀλλ’ ἡ νοουμένη. Schol., p. 825. Philopon copie l’observation d’Alexandre.