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vérité universelle, à savoir, qu’aucune substance n’est éternelle si elle n’est pas en acte ; et si d’un autre côté les éléments sont la matière de la substance, aucune substance éternelle ne saurait avoir des éléments constitutifs.

Il en est qui admettent pour élément, outre l’unité, une dyade indéfinie, et qui repoussent l’inégalité, et non sans raison, à cause des impossibilités qui sont la conséquence de ce principe. Mais ces philosophes ne font disparaître par là que les difficultés qu’entraîné nécessairement la doctrine de ceux qui font un élément de l’inégalité et de la relation. Quant aux embarras qui sont indépendants de cette opinion particulière, ils les subissent eux-mêmes de toute nécessité, s’ils composent d’éléments soit le nombre idéal, soit le nombre mathématique.

Ces opinions erronées ont une foule de causes : la principale, c’est qu’on posa la question à la manière des anciens. On crut que tous les êtres se réduiraient à un seul être, à l’être en soi, si l’on ne levait pas une difficulté, si l’on n’allait point au-devant de l’argumentation de Parménide : « Il est impossible, disait Parménide, qu’il y ait nulle part des non-êtres[1]. » Il fallait donc, pensait-on, prouver l’existence du non-être : alors les êtres proviendraient de l’être et de

  1. Simon Karsten, Parmenid. Eleat. reliq., p. 48 ; p. 130 sqq. Voyez aussi la note à la fin du volume.