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la multitude, celui du peu, c’est le beaucoup. Mais le caractère de l’unité, c’est qu’elle est la mesure des choses ; et la mesure, dans tous les cas, est un objet déterminé qu’on applique à un autre objet : pour la musique, par exemple, c’est un demi-ton ; pour la grandeur, le doigt, le pied, ou quelque autre unité analogue ; pour le rythme, la base, ou la syllabe. De même encore pour la pesanteur, où c’est un poids déterminé. De même enfin pour tous les autres objets : c’est une qualité particulière qui est la mesure des qualités ; celle des quantités est une quantité déterminée. La mesure est indivisible, indivisible dans certains cas sous le rapport de la forme, dans d’autres cas indivisible pour le sens ; ce qui prouve que l’unité n’est nullement par elle-même une essence. On peut s’en convaincre à l’examen. En effet, le caractère de l’unité, c’est qu’elle est la mesure d’une multitude ; celui du nombre, c’est qu’il est une multitude mesurée et une multitude de mesures. Aussi n’est-ce pas sans raison que l’unité n’est point considérée comme un nombre ; car la mesure ne se compose pas de mesures, elle est le principe, la mesure, l’unité. La mesure doit toujours être une même chose, commune à tous les êtres mesurés. Si la mesure, par exemple, est le cheval, les êtres mesurés sont des chevaux ; ils sont des hommes, si la mesure est un homme. Si l’on a un homme, un cheval, un dieu, l’animal sera probablement la mesure, et le nombre formé par ces êtres sera un nombre d’animaux. A-t-on, au contraire, homme, blanc, qui marche, alors il ne peut y avoir de nombre, parce que tout ici réside dans le même