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l’existence ne saurait être un véritable principe. Ce serait dire que le blanc est un principe, non pas en tant qu’autre, mais en tant que blanc, tout en reconnaissant que le blanc est toujours inhérent à un sujet, et qu’il est constitué par autre chose que lui-même : cette autre chose aurait certainement l’antériorité. Tout provient des contraires, j’y consens, mais des contraires inhérents à un sujet. Donc nécessairement les contraires sont avant tout des attributs ; donc toujours les contraires sont inhérents à un sujet, et aucun d’eux n’a une existence indépendante, n’y ayant rien qui soit le contraire de la substance, comme cela est évident, et comme l’atteste la notion même de la substance. Nul d’entre les contraires n’est donc le principe premier de toutes choses : donc il faut un autre principe.

Quelques philosophes font de l’un des deux contraires la matière des êtres. Les uns, à l’unité, à l’égalité, opposent l’inégalité, qui constitue, selon eux, la nature de la multitude ; les autres opposent la multitude elle-même à l’unité. Les nombres dérivent de la dyade de l’inégal, c’est-à-dire du grand et du petit, dans la doctrine des premiers, et dans celle des autres, de la multitude ; mais dans les deux cas c’est sous la loi de l’unité comme essence. Et, en effet, ceux qui admettent comme éléments l’un et l’inégal, et l’inégal comme dyade du grand et du petit, ceux-là admettent l’identité de l’inégal avec le grand et le petit, sans établir dans la définition que c’est une identité logique et non une identité numérique. Aussi ne s’entend-on pas bien sur les principes aux