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des idées et des objets sensibles[1] ; et ces deux sortes de nombres sont également séparés des objets sensibles. D’autres ne reconnaissent que le nombre mathématique, qu’ils considèrent comme le premier des êtres, et qu’ils séparent des objets sensibles[2]. Le seul nombre, pour les Pythagoriciens, c’est aussi le nombre mathématique, mais non plus séparé ; c’est lui qui constitue, suivant eux, les essences sensibles. Ils organisent le ciel avec des nombres ; seulement ces nombres ne sont point composés de monades véritables. Ils attribuent dans leur système la grandeur aux monades. Mais comment l’unité première peut avoir une grandeur, c’est une difficulté qu’ils ne résolvent pas, ce nous semble. Un autre philosophe n’admet qu’un seul nombre primitif idéal[3] ; quelques autres identifient le nombre idéal avec le nombre mathématique[4].

  1. Cette hypothèse est celle de Platon.
  2. Les commentateurs anciens attribuent cette opinion à Xénocrate. Alex. Schol., p. 818 ; Syrianus, Petites scolies, p. 304, Bagol., fol. 71, a ; Philopon, fol. 56, b, etc. M. Ravaisson, Essai, t. I, p.178, en note, et dans son beau travail sur Speusippe, VII, p. 28 sqq., a essayé de démontrer que c’était à ce dernier philosophe et non à Xénocrate qu’il fallait la rapporter. Suivant M. Ravaisson, la vraie doctrine de Xénocrate est celle de l’identité du nombre idéal et du nombre mathématique. Il ne nous appartient pas de décider la question ; il nous semble toutefois que l’avis des commentateurs sur un fait qu’on pouvait vérifier de leur temps, et sur lequel, en dehors de leur témoignage, nous ne pouvons guère former que des conjectures, n’est pas si fort à dédaigner que l’insinue le savant critique, et nous hésitons encore à les condamner.
  3. On ne sait pas à quel philosophe il faut attribuer cette opinion.
  4. Xénocrate, suivant M. Ravaisson.