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cipe en même temps, et comme cause motrice, car elle rassemble les éléments, et comme matière, car elle est une partie du mélange des éléments. En supposant même qu’il puisse arriver que la même chose existe à la fois à titre de matière et de principe, et à titre de cause motrice, toujours est-il qu’il n’y aurait pas identité dans son être. Qu’est-ce donc qui constitue l’Amitié ? Une autre absurdité, c’est d’avoir fait la Discorde impérissable, tandis que la Discorde est l’essence même du mal[1].

Anaxagore reconnaît le bien comme un principe : c’est le principe moteur. L’Intelligence meut ; mais elle meut en vue de quelque chose. Voilà donc un nouveau principe ; à moins qu’Anaxagore n’admette, comme nous, l’identité, car l’art de guérir est en quelque façon la santé. Il est absurde d’ailleurs de ne pas donner de contraire au bien et à l’Intelligence.

On verra, si l’on y fait attention, que tous ceux qui posent les contraires comme principes, ne se servent pas des contraires. Et pourquoi ceci est-il périssable, cela impérissable ? c’est ce que n’explique nul d’entre eux[2], car ils font provenir tous les êtres des mêmes principes.

Il en est qui tirent les êtres du non-être[3]. D’autres, pour échapper à cette nécessité, réduisent tout à l’unité absolue[4]. Enfin, pourquoi y aura-t-il toujours

  1. Voyez liv. III, 4,1.1, p. 89 sqq.
  2. Liv. III, 4, ubi supra.
  3. Hésiode, les anciens Théologiens, etc.
  4. L’École d’Ëlée.