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toutes les absurdités qui sont les conséquences des autres systèmes. Rappelons ici les doctrines mêmes les plus spécieuses, et qui présentent le moins de difficultés.

Toutes les choses, suivant tous les philosophes, proviennent de contraires. Toutes les choses, de contraires, ces deux termes sont également mal posés ; et d’ailleurs comment les choses dans lesquelles existent les contraires proviendraient-elles des contraires ? C’est ce qu’ils n’expliquent pas ; car les contraires n’ont pas d’action les uns sur les autres. Pour nous, nous levons rationnellement la difficulté, en établissant l’existence d’un troisième terme[1].

Il en est qui font de la matière même un des deux contraires[2] : ainsi ceux qui opposent l’inégal à l’égal, la pluralité à l’unité. Cette doctrine se réfute de la même manière. La matière première n’est le contraire de rien. D’ailleurs, tout participerait du mal, hormis l’unité, car le mal est l’un des deux éléments. D’autres prétendent que ni le bien ni le mal ne sont des principes[3] ; et pourtant le principe, c’est, dans toutes choses, le bien par excellence. Ceux-là ont raison, sans nul doute, qui admettent le bien comme principe ; mais ce qu’ils ne disent pas, c’est comment le bien est un principe, si c’est à titre de fin, ou de cause motrice, ou de forme.

L’opinion d’Empédocle n’est pas moins absurde. Le bien, pour lui, c’est l’Amitié. Or l’Amitié est prin-

  1. La matière, sujet commun des deux contraires.
  2. Système de Platon.
  3. Système pythagoricien.