suffisent, ni aucune autre substance : si cette substance ne passait pas à l’acte, il n’y aurait pas de mouvement ; le mouvement n’existerait même pas, bien qu’elle passât à l’acte, si son essence était la puissance, car alors le mouvement ne serait pas éternel, ce qui est en puissance pouvant ne se pas réaliser. Il faut donc qu’il y ait un principe tel, que son essence soit l’acte même. D’ailleurs, les substances en question[1] doivent être immatérielles, car elles sont nécessairement éternelles, puisqu’il y a certainement d’autres choses éternelles[2] ; leur essence est, par conséquent, l’acte même.
Mais ici une difficulté se présente. Tout être en acte a, ce semble, la puissance, tandis que ce qui a la puissance ne passe pas toujours à l’acte. L’antériorité appartiendrait donc à la puissance. Or, s’il en est ainsi, rien de ce qui est ne saurait exister ; car ce qui a la puissance d’être peut n’être pas encore. Et alors, soit qu’on partage l’opinion des Théologiens[3], lesquels font tout sortir de la nuit ; soit qu’on adopte ce principe des Physiciens[4] : « Toutes les choses existaient ensemble » ; des deux côtés l’impossibilité est la même. Comment y aura-t-il mouvement, s’il n’y a pas de cause en acte ? Ce n’est pas la matière qui se mettra elle-même en mouvement ; ce qui l’y met c’est