VI.
Il y a, avons-nous dit, trois essences[1], deux essences physiques et une essence immobile. C’est de cette dernière que nous allons parler ; nous allons montrer qu’il y a nécessairement une essence éternelle qui est immobile. Les essences sont les premiers des êtres, et si toutes elles sont périssables, tous les êtres sont périssables. Mais il est impossible que le mouvement ait commencé ou qu’il finisse : le mouvement est éternel. De même le temps ; car si le temps n’existait pas, il ne saurait y avoir ni avant ni après. Ajoutons que le mouvement et le temps ont la même continuité. Ou bien, en effet, ils sont identiques l’un à l’autre, ou bien le temps est un mode du mouvement. Il n’y a de mouvement continu que le mouvement dans l’espace, non pas tout mouvement dans l’espace, mais le mouvement circulaire. Or, s’il y a une cause motrice, ou une cause efficiente, mais que cette cause ne passe point à l’acte, il n’y a pas pour cela mouvement, car ce qui a la puissance peut ne pas agir. Nous ne serions pas plus avancés quand même nous admettrions des essences éternelles, comme font les partisans des idées ; il faudrait encore qu’elles eussent en elles un principe capable d’opérer le changement. Ni ces substances ne
- ↑ Voyez plus haut, chap. 2 de ce livre.