ΙII.
Prouvons maintenant que ni la matière ni la forme ne deviennent ; j’entends la matière et la forme primitives[1]. Tout ce qui change est quelque chose, et le changement a une cause et un but. La cause, c’est le premier moteur ; le sujet, c’est la matière ; le but, c’est la forme. On irait donc à l’infini, si ce qui devient c’était, non pas seulement l’airain cylindrique, mais la forme cylindrique elle-même, ou l’airain : or, il faut s’arrêter[2]. Ensuite chaque essence provient d’une essence de même nom[3] : ainsi pour les choses naturelles, lesquelles sont des essences ; ainsi pour les autres êtres ; car il va des êtres qui sont des produits de l’art, d’autres viennent de la nature, ou de la fortune, ou du hasard[4]. L’art est un principe qui réside dans un être différent de l’objet produit ; mais la nature réside dans l’objet lui-même, car c’est un homme qui engendre un homme[5]. Pour les autres causes, elles ne sont que des privations de ces deux là.
- ↑ Voyez liv. VI, 3, t. I, p. 217 sqq. et surtout le chapitre 8 du VIIe livre, t. II, p. 25 sqq. Voyez aussi la fin du premier livre de la Physique.
- ↑ Voyez liv. II, 2, t. I, p. 60 sqq.
- ↑ Voyez liv. VII, 7 et 9, t. II, p. 20 sqq., p. 29 sqq.
- ↑ Liv. VII, 7, t. II, p. 20 sqq.
- ↑ Cette espèce d’aphorisme, dont Aristote se sert plusieurs fois dans