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mouvoir, il en est de même de l’être en puissance, de l’être opposé à l’être proprement dit. Toutefois, il peut y avoir mouvement accidentel de ce qui n’est pas blanc, ou de ce qui n’est pas bon : le non-blanc peut être un homme. Mais ce qui n’a absolument pas d’existence déterminée ne saurait jamais se mouvoir ; il est impossible, en effet, que le non-être soit en mouvement. Or, s’il en est ainsi, il est impossible quela production soit un mouvement, car ce qui devient, c’est le non-être. Ce n’est qu’accidentellement, sans nul doute, que le non-être devient[1] ; il est vrai de dire cependant que le non-être est le fond de ce qui devient, dans le sens propre de cette expression[2]. De même pour le repos. Voilà donc des difficultés insurmontables. Ajoutez à cela que tout objet en mouvement est dans un lieu. Or, le non-être n’est pas dans un lieu, sans cela il serait quelque part ; donc la destruction elle-même n’est pas un mouvement. En effet, le contraire au mouvement c’est un mouvement ou le repos ; or, le contraire de la destruction, c’est la production.

Puisque tout mouvement est un changement ; puis-

  1. St. Thomas, fol. 150, b : « Sed huic processui posset aliquis obviare dicens, quod non ens non generatur, nisi per accidens, per se enim generatur, id quod est [subjectum generationis], id est ens in potentia. Non ens autem significat privationem in materia. Unde non genarntur, nisi per accidens. »
  2. « Licet non ens generatur, nisi secundum accidens, tamen de eo, quod generatur simpliciter, verum est dicere quod est non ens, et de quocumque est hoc verum dicere, impossibile est id moveri. » St. Thomas, Id. Ibid.,