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donc être partagé, il est indivisible. Ce qui existe en acte ne saurait être infini, car il y a nécessairement quantité dans ce qui existe en acte. L’infini est donc accidentel. Mais nous avons dit qu’alors il ne pouvait être un principe, que le principe, c’est ce dont l’infini est un accident, l’air, le nombre pair.

Telles sont les considérations générales relatives à l’infini ; nous allons montrer que l’infini ne fait point partie des objets sensibles.

Un être limité par des plans, voilà la notion du corps ; il n’y a donc pas de corps infini, soit sensible, soit intelligible[1]. Le nombre lui-même, quoiqu’indépendant, n’est pas infini[2] car le nombre, car tout ce qui a un nombre peut se compter. Si nous passons aux objets physiques, voici la preuve qu’il n’y a pas de corps infini. Ce ne pourrait être ni un corps composé ni un corps simple. Ce n’est pas un corps composé, dès lors que les corps composants sont en nombre limité. Il faut, en effet, qu’il y ait dans le composé équilibre entre les éléments contraires ; aucun d’eux ne doit être infini. Si de deux corps constituants l’un était d’une façon quelconque inférieur en puissance, le fini serait absorbé par l’infini. Il est d’ailleurs impossible que chacun des éléments soit infini. Le corps est ce qui a dimension dans tous les sens, et l’infini ce dont la dimension est sans borne : s’il y avait un corps infini, il serait donc infini dans tous les sens.

L’infini ne saurait pas être davantage un corps un

  1. Les objets dont traite la Géométrie.
  2. Il s’agit ici du nombre déterminé.