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donc il doit être à la fois l’un et l’autre. Mais il n’était pas l’un et l’autre auparavant. Or, ce qui n’existe pas de tous temps est devenu ; donc cet homme est devenu musicien et grammairien simultanément.

De pareils raisonnements, dis-je, ne sont jamais ce que cherche une science reconnue par tous comme telle ; il n’y a que la Sophistique qui en fasse son objet. Elle seule, la Sophistique, traite de l’accident. Aussi le mot de Platon n’est-il pas sans justesse : La Sophistique, a-t-il dit, roule sur le non-être.

On verra clairement que toute science de l’accident est impossible, si l’on examine avec attention la nature même de l’accident. Parmi les êtres, il en est qui existent toujours et nécessairement, non pas de cette nécessité qui n’est que l’effet de la violence, mais de celle-là qui est le fondement des démonstrations ; d’autres choses ne sont qu’ordinairement ; d’autres enfin n’existent ni ordinairement, ni toujours et de toute nécessité, mais seulement suivant les circonstances. Qu’il fasse froid pendant la canicule, par exemple, c’est ce qui n’arrive ni toujours, ni nécessairement, ni dans le plus grand nombre des cas, c’est ce qui peut quelquefois arriver. L’accident est donc ce qui n’arrive ni toujours, ni de toute nécessité, ni dans le plus grand nombre des cas. Voilà, selon nous, ce que c’est que l’accident. Quant à l’impossibilité d’une science de l’accident, elle est par là même évidente. En effet, toute science s’occupe ou de ce qui est éternellement, ou de ce qui est ordinairement. Or, l’accident n’est ni éternellement ni ordinairement.

Il est évident d’ailleurs que les causes et les principes