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ner. Mais ceux qui sont seulement dans le doute, à raison des difficultés dont nous venons de parler, il est facile de dissiper leurs incertitudes, et d’écarter ce qui fait naître le doute dans leurs esprits. Cela est évident d’après ce que nous avons dit tout à l’heure.

Il résulte clairement de là que les affirmations opposées ne peuvent être vraies en même temps du même objet ; que les contraires ne peuvent pas s’y rencontrer non plus simultanément, puisque toute contrariété contient une privation, ce dont on peut s’assurer, en ramenant à leur principe les notions des contraires. De même aussi aucun terme moyen ne peut s’affirmer qu’un seul et même être[1] : supposons que le sujet soit blanc ; si nous disons qu’il n’est ni blanc ni non-blanc ; nous serons dans le faux, car il résulterait de là que le même objet serait blanc et ne le serait pas. L’un des deux termes compris à la fois dans l’expression, pourra seul s’affirmer de l’objet ; ce sera pour le non-blanc, la négation du blanc. On ne peut donc être dans le vrai, en admettant le principe d’Héraclite ou celui d’Anaxagore ; sans cela on pourrait affirmer les contraires du même être. Car quand Anaxagore dit que tout est dans tout, il dit que le doux, l’amer, que tous les autres contraires comme ceux-là s’y rencontrent également, puisque tout est dans tout, non pas seulement en puissance, mais en acte et distinctement. Il n’est pas possible non plus que tout soit vrai et que tout soit faux : d’abord à cause des nombreuses absurdités où en-

  1. Voy, liv. IV, 7, t. 1, p. 140 sqq.