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des plans, les autres des corps, les points des lignes. Elles ne seront guère que les limites de ces corps ; or, de pareils êtres existent toujours dans d’autres êtres, aucun d’eux n’est séparé. Ensuite, comment concevoir une substance à l’unité et au point ? Toute substance est sujette à production[1], et le point ne naît pas ; le point n’est qu’une division.

Une autre difficulté, c’est que toute science porte sur l’universel, sur ce qui embrasse la multiplicité des choses, tandis que la substance n’est point quelque chose de général, mais plutôt l’être déterminé et séparé. Si donc la science traite des principes, comment concevoir que le principe soit une substance[2] ?

De plus, y a-t-il, oui ou non, quelque chose, indépendamment de l’ensemble (par ensemble, j’entends la matière unie à la forme) ? S’il n’y a rien, tout est matériel, tout est périssable ; s’il y a quelque chose qui soit indépendant, ce sera la forme et la figure. Mais dans quel cas la forme est indépendante, dans quel cas elle ne l’est point ? c’est ce qu’il est difficile de déterminer. Toutefois, dans certains cas, la forme

  1. Il faut entendre par là toute substance naturelle, la réunion dans un individu de la forme et de la matière, tel homme, tel ou tel animal.
  2. St. Thomas, dans son commentaire, fol. 139, b : « Et veritas est, quodlicet universalia non per se existant, tamen naturas eorum est a considerare universaliter. Et secundum hoc, accipiuntur genera et species in praedicamento substantiæ, quæ dicuntur secundo substantiæ, de quibus est scientia. Quædam etiam per se existentes sunt principia, quæ quia immateriales, pertinent ad intelligibilem cognitionem, licet excedant intellectus nostri comprehensionem. »